« La guerre des mondes » semble se rejouer depuis 2020entre les animaux et les hommes. Hier, les extra-terrestres du roman d’Orwell voyaient leurs projets d’invasion déjoués par un microbe transmis par les humains, aujourd’hui une espèce humaine toujours plus envahissante et hors sol voit son existence menacée par un virus porté par une chauve-souris. Saisie par la crainte, l’humanité se calfeutre, s’enferme, imagine un monde d’après. D’après quoi ? Un monde où l’on n’aurait plus peur d’une pandémie ? De son prochain contaminé ? D’aller au bureau ? Un monde où depuis son balcon l’on regarderait les virus passer en toute sécurité ? Où vas-tu, bacille ? Il y a sûrement des moyens de nous enfermer plus, tous, plus longtemps, pour se protéger de la mort quitte à ne plus vivre. Le COVID raconte un effondrement : celui de la science moderne et des sociétés occidentales défaites dans leur projet d’éradiquer la mort. Déçus de leur échec, les pouvoirs publics ont quasiment interdit les funérailles, officiellement pour des raisons sanitaires, officieusement et inconsciemment, pour dénier tout territoire à la fin, au deuil, à la séparation. La mort est naturelle, et la mort est humaine. Les rites de deuil apparaissent avec la civilisation. L’architecture est le meilleur médiateur et le meilleur vaisseau pour ces passages, elle doit être doublement présente dans le funéraire. Le monde d’après doit être celui où l’humain dit moderne accepte sa condition et cesse denier sa finitude. Les chauves-souris ne font pas de cérémonies funéraires. Il faut une architecture pour reconstruire les nôtres.